Sommaire | ![]() | Coin des fines lames |
Le coup double au sabre Au sabre, comme au fleuret, l’allumage simultané des signaux des deux côtés de l’appareil appelle un jugement de l’arbitre pour l’attribution éventuelle de la touche. Si la situation ne résulte pas de l’action d’attaque simultanée des deux tireurs, ce qui entraîne l’annulation des coups donnés de part et d’autre, l’arbitre doit déterminer de quel côté vient la faute. Toutefois, contrairement au fleuret, l’appareil n’enregistre que les touches portées sur la surface valable. Les touches portées en dehors de cette surface n’interrompent pas la phrase d’armes et n’annulent pas les touches subséquentes. Ceci étant rappelé, les conventions du sabre procèdent du même esprit que celles du fleuret. Mais le contrôle de leur application est rendue plus difficile du fait que le sabre est principalement une arme de taille, autorisant des actions portant sur des cibles situées à des distances différentes et enchaînées très rapidement. L’identité d’esprit avec le fleuret apparaît nettement dans la reprise, quasiment à l’identique, de la règle selon laquelle : « Toute attaque correctement exécutée doit être parée, ou complètement esquivée et la phrase d’armes doit être suivie ». Sur cette base, la spécificité de l’arme a toutefois imposé de définir avec plus de précision l’attaque identifiée comme « correctement exécutée ». Le règlement indique, en premier lieu, que l’attaque est correctement exécutée quand : - l’allongement du bras, menaçant continuellement de la pointe ou de la taille la surface valable précède le déclenchement de la fente ; - ou pour une attaque simple par fente, lorsque le début de l’allongement du bras précèdele déclenchement de la fente et que le coup arrive au plus tard quand le pied avant touche la piste ; S’il s’agit d’une attaque simple par marcher-fente, le début de l’allongement du bras doit précéder la marche, et le coup arriver également au plus tard quand le pied avant touche la piste. Des exigences particulières s’appliquent aux attaques composées car « les feintes doivent être présentées correctement », c'est-à-dire : - « le bras allongé, la pointe menaçant continuellement la surface valable », pour la feinte du coup de pointe ; - « le bras allongé, la lame et le bras faisant un angle obtus de 135° environ, le tranchant menaçant une surface valable », pour la feinte du coup de taille. Ainsi, une attaque composée par fente est correcte quand le début de l’allongement du bras lors de la première feinte (qui doit, naturellement, être présentée correctement) précède le déclenchement de la fente, et que le coup arrive au plus tard quand le pied avant touche la piste. Dans le cas d’un marcher-fente, le début de l’allongement du bras lors de la première feinte doit précéder la marche, et le coup arriver au plus tard quand le pied avant touche la piste. On voit donc que dans tous les cas, le geste initial de l’attaque est celui du bras. Le règlement opère également une distinction entre les attaques au fer par battement, qui ne sont correctement exécutées que si le battement est fait sur le faible de la lame adverse, c'est-à-dire sur les deux tiers supérieurs, l’attaque sur le fort de la lame donnant la riposte à l’adversaire, car considérée comme parée. En cas de « coup double », les adversaires doivent être départagés selon des dispositions quasiment décalquées sur celles du fleuret. Le tireur a notamment tort, et doit être déclaré touché lorsque : - dans une attaque composée, il est arrêté avec un temps d’escrime (sur la marche ou sur une feinte) avant la finale de son attaque, - il fait un coup d’arrêt (quelle que soit la cible) sur une attaque simple ou, s’il s’agit d’une attaque composée, s’il n’a pas lui-même l’avantage d’un temps d’escrime, c'est-à-dire lorsque il réagit sur la finale de l’attaque, - sa parade est suivie d’un moment d’arrêt, sa riposte étant donnée « à temps perdu » ; - son attaque composée comporte un temps d’arrêt ou un raccourcissement du bras mis à profit par l’adversaire pour porter un coup d’arrêt ou une attaque, - il attaque un adversaire « pointe en ligne » sans écarter nettement le fer. Et comme au fleuret, les tireurs sont remis en garde chaque fois que l’arbitre ne peut pas nettement juger de quel côté est la faute. On voit donc que les occasions de faute sont nombreuses et, comme au fleuret, le règlement insiste sur la fréquence des fautes simultanées de l’attaquant, indécis ou inefficace dans ses feintes, et de l’attaqué, trop lent dans le coup d’arrêt. Malgré toutes ces précisions et en dépit de la difficulté de la tâche, l’arbitre est souvent appelé à départager les auteurs de coups doubles. On a donc songé, pour en limiter la fréquence, à diminuer le temps pendant lequel un coup peut être enregistré à la suite d’un autre par l’appareil électrique. Ce temps a été réduit à 130 millisecondes au maximum (le minimum étant de 110 millisecondes), ce qui est trois fois inférieur à ce qui est prévu pour le fleuret. En conséquence, si l’un des tireurs parvient à devancer suffisamment son adversaire, peu importe la manière dont la touche a été donnée, ce qui est évidemment une incitation à faire prévaloir la rapidité sur la correction de l’attaque et n’encourage pas le développement de phrases d’armes enchaînées et lisibles. Les fines lames veilleront donc à ne pas se laisser entraîner dans une course de vitesse dont les limites leur apparaîtront vite, et verront plutôt dans le coup double l’occasion de jeter un regard critique sur leur jeu, en vue de le préciser et de le clarifier. |